15 décembre 2010

La vie est un hasard

Il y a quelques mois j'ai expliqué par quel hasard je me suis retrouvé en Chine, mon but étant de montrer que notre vie (en tout cas la mienne) ne tient souvent qu'à des détails.

Dans la même série je vais aujourd'hui expliquer comment j'ai commencé à avoir l'esprit entrepreneur ou plutôt une "culture d'entreprise" ce qui est un premier pas vers l'entreprenariat.

J'ai commence mes études en 1998 par des études techniques, un DUT STID (statistiques et Informatique). Ce choix s'est fait parce que j'étais un "Geek" à cette époque, bien avant la démocratisation de ce terme. Au passage aujourd'hui un Geek cela semble être quelqu'un féru de technologie possédant chaque version de l'Ipod et de l'iphone, ce qui englobe des millions de personnes dans le monde. Il y a 12 ans, un Geek c'était plutôt celui qui s'amusait à démonter et remonter des pcs, découvrait le web à l'époque de la préhistoire. Ce groupe ne représentait pas des millions de personnes, ca avait son coté avant gardiste et cela me plaisait.

Quand on fait des études techniques et en particulier dans l'informatique (selon mon expérience), on a une très vague idée de ce qu'est le commerce et la partie commerciale d'une entreprise. On se dit que les commerciaux n'y connaissent pas grand chose et passent leur temps à vendre du vent. On a tendance à penser que les formations commerciales servent à former des vendeurs de porte à porte. On pense également qu'il s'agit d'un milieu truffé de requins avec très peu d'éthique.

Comme beaucoup de gens de mon entourage je pensais la même chose et l'éventualité d'une carrière ou une formation dans ce domaine ne m'intéressait pas du tout. Comme tout bon "Geek", un petit boulot de programmeur devant mon PC toute la journée m'aurait bien suffit. Je n'étais pas intéressé par l'argent, du temps que le travail me plaisait, c'était le principal.

Après mon DUT je voulais absolument persévérer dans le domaine technique, en particulier Internet. J'ai donc postulé à plusieurs licences professionnel dans ce domaine. Lorsque j'ai demandé des dossiers de candidature, je ne sais plus pourquoi, j'ai demandé également un dossier pour faire un DUT ... Technique de commercialisation, le DUT exactement à l'opposé de ce que je voulais.
Ah si je me rappelle la raison. En surfant sur des sites d'orientation étudiant type studyrama, j'étais une fois tombé sur une lettre de motivation type pour un DUT Tech de Co. Comme j'ai l'esprit joueur, je trouvais cela rigolo d'envoyer une candidature à un DUT dont je n'avais strictement rien à faire en recopiant mot pour mot une lettre de motivation type. Je me rappelle que la lettre indiquait "Etant titulaire du BAFA, je suis...", bien évidemment je ne l'ai pas mais pour le fun j'avais tout recopié à l'identique ;-) (j'espère qu'il y a prescription!)

Bref, au final toutes les licences ont refusé ma candidature, sauf une avec qui j'étais en liste d'attente. Par contre...le DUT Tech de Co avait accepté ma candidature directement, efficace cette lettre de motivation!

J'ai tenté de faire le forcing pour être pris à la licence ou j'étais en liste d'attente. J'avais de bonnes chances d'être accepté mais ils ne pouvaient pas me donner de réponse sure avant la rentrée, qui était quelques jours après celle de Tech de Co. Ne voulant pas me retrouver sans rien, j'ai commencé le DUT tech de Co, dont les premiers cours ne m'ont pas emballé plus que cela, ce qui a renforcé mon opinion d'aller en Licence. Et la est arrivé ce fameux mardi après-midi qui a tout changé pour moi.
Un ancien élève vient faire un tour à l'IUT (récupérer son diplôme je suppose) et passe devant nos fenêtres. Le prof qui nous faisait cours l'interpelle et lui demande de venir. Il lui dit "Voila la nouvelle promotion, moi je sors et je te laisse leur dire tout ce que tu veux concernant Tech de Co."
Le prof sort et l'ancien élève nous donne son avis sans chichis sur Tech de Co. En résumé, les profs sont sympa, pas besoin de beaucoup travailler pour avoir son année et surtout des supers soirées et une super ambiance.

Le fait que le prof laisse carte blanche pour qu'un ancien élève donne son avis sans vérifier les propos m'avait impressionné. Cela démontre une certaine confiance dans son DUT, ce qui est rare. De plus l'ancien étudiant était particulièrement éloquent et persuasif devant 40 élèves, je me suis demandé si il avait acquis cette aisance avec cette formation.
Enfin, le point important de son discours non préparé a été de dire "je vous garantis que cette année que vous allez passez, vous ne l'oublierez jamais. Tous mes collègues de l'an dernier pensent la même chose". Cet espèce d'engagement moral m'a fait basculé complètement dans ma décision de rester faire ce DUT. Si je n'étais pas resté, je me serais toujours posé la question de savoir si j'étais passe à coté de quelque chose d'exceptionnel ou non.

Et alors la question que tout le monde se pose : est-ce que Tech de Co était aussi formidale que l'étudiant le disait.

La réponse est ... non. L'année n'a rien eu d'exceptionnel me concernant. J'ai fait 7 ans d'études et cette année est celle ou j'ai le moins de souvenir, donc rien de bien inoubliable. Par contre pour les profs le contrat était respecté, ils étaient très pros et très sympa (sur la centaine de profs que j'ai eu en 7 ans, les deux qualités ensemble étaient pas vraiment une norme).

Pour revenir au sujet de départ, ce que j'ai appris en Tech de Co m'a fait changer complètement mon opinion sur l'entreprise et les fonctions commerciales. Suite à ce DUT j'ai ensuite fait une licence professionnelle E-business qui était exactement le juste milieu entre ma passion Internet et mes nouvelles orientations commerciales. Ce fut une étape nécessaire dans mon parcours qui m'a amené à être entrepreneur en Chine.

Le point intéressant de ce billet est de montrer que ma position personnelle et professionnelle aujourd'hui est en partie due à des hasards. Si un ancien étudiant n'avait pas fait un speech qui m'avait impressionné, j'aurais certainement fait la Licence professionnelle Développeur Internet correspondant à mon premier souhait : coder toutes la journée des applications web.

Et si je n'avais pas trouvé par hasard sur le web une lettre de motivation pour faire Tech de Co, je n'aurais certainement jamais pensé à prendre un dossier de candidature pour le fun pour Tech de Co.